Jean-Emile Humbert ce passionné de l´archéologie et de la Tunisie

Jean-Emile Humbert (1771-1839) est venu en Tunisie en 1796, à la demande de Bey Hamouda Pacha (1759-1814) pour la construction d’un nouveau port à La Goulette.
 

Jean-Emile Humbert ce passionné de l´archéologie et de la Tunisie

Après l'achèvement des travaux de construction en 1805, J.-E. Humbert a été promu au grade d'ingénieur en Chef de Tunisie. Grâce à sa position bien appuyée par Hamouda Pacha le Bey husseinite de Tunis qui a régné de 1782 à 1814, il a pu réaliser le projet de consolidation et de rénovation des fortifications de Tunis et de ses alentours. Son amour pour les sciences l’a entraîné vers d’autres horizons. Il a étudié l'histoire, l'anthropologie et la langue arabe. Ses pérégrinations à travers les sites archéologiques lui ont permis de constituer une belle collection d’objets relevant essentiellement des périodes punique et romaine. 

Dans ses déplacements entre la Tunisie et les Pays-Bas, J.-E. Humbert rencontra Caspar Reuvens (1793-1835), directeur du musée des Antiquités de Leyde qui, après l'acquisition de la collection des antiquités de Carthage lui a fourni les moyens pour poursuivre des fouilles à Carthage qui l’a découverte au cours de ses travaux d’ingéniorat à La Goulette. Grâce à ce soutien J.-E. Humbert à réussi à donner à son travail une dimension scientifique. Il est le premier à découvrir en 1817, probablement dans une favissa (cachette) dans la région de la Malaga, des stèles votives originaires du sanctuaire (tophet, Qdš) de Salammbô à Carthage.

Ce passionné de l’archéologie a fui les Pays-Bas après la proclamation en 1795 de la République Batave qui était sous tutelle de la France. Le recrutement de Hamouda Pacha des ingénieurs pour la construction du port de La Goulette était pour Humbert un prétexte providentiel pour quitter son pays. La Tunisie de la dynastie husseinite l’a accueilli jusqu'à 1819, date la fin de son emploi dans la cour du Bey de Tunis, mais il s’y retournera deux ans plus tard pour entreprendre des fouilles pour le compte de Caspar Reuvens.

J.-C. Humbert et Caspar Reuvens ont commencé à travailler ensemble, ils ont prévu d'acheter des antiquités romaines et étrusques d’Italie et de Tunisie. C’est dans ce cadre qu’Humbert a acheté sept statues romaines de grandeur nature, provenant d'Utique. Mais il devait aussi continuer sa recherche sur Carthage. Caspar Reuvens voulait savoir plus sur la topographie de la Carthage punique. Pour cette mission, une campagne de fouilles a été financée et programmée par le gouvernement des Pays-Bas. Jean-Emile Humbert, après avoir reçu les fonds effectua onze fouilles. Il a légué à la communauté scientifique une grande masse de documents constitués de plans, de relevés, de dessins et de ses archives manuscrites. Cette documentation archéologique est à l’origine de plusieurs études sur des sites de Tunisie ; Carthage y occupe une place de choix. Malgré cet effort beaucoup d'informations historiques et archéologiques manquaient parmi lesquelles la question de la topographie de Carthage punique restée irrésolue. Pour cette raison Caspar Reuvens a prévu une autre expédition en Tunisie pour terminer les recherches qu’il avait déjà entamées. Une fois les travaux de terrain sur les sites en Tunisie achevés, Humbert a regagné en 1826 l’Italie où il a passé le restant de sa vie, il l’a consacré à la constitution des collections étrusques et égyptiennes. En 1839 Jean-Emile Humbert est décédé à Livourne. Pour dire son amour à Carthage, il a exigé que son nom soit gravé dans sa tombe, comme en témoigne son épitaphe :
Ci-git
Jean-Emile Humbert
Qui fut utile aux sciences
par ses découvertes sur les ruines
de Carthage
Né à la Haye le 28 Juillet 1771
Mort à Livourne le 20 Fevrier 1839
Jean-Emile Humbert était aussi un voyageur hors pair qui connaissait bien la Tunisie des Beys husseinites; sur trois de ses voyages, il était accompagné par le comte italien Camillo Borgia. Ce comte né en 1774 à Velletri, était passionné des antiquités égyptiennes et orientales. Obligé de s’exiler en Tunisie en 1815 pour ses sympathies avec les partisans de la révolution française, le comte Camillo Borgia a eu l’occasion de voyager avec Jean-Emile Humbert à la découverte des sites et des objets antiques ; ils ont visité Utique, Le Kef, Zaghouan, El Jem, Dougga et d’autres sites. Au cours de ces voyages, ils ont recueilli des antiquités, décrit des vestiges et ont fait des dessins et des croquis des monuments et des inscriptions. Cette documentation est une source et non pas des moindres pour l'histoire ancienne de Tunisie. La mort prématurée du comte Camillo Borgia en 1817 et de Caspar Reuvens en 1835 a empêché la publication des manuscrits de Jean-Emile Humbert ; ils ont été conservés dans les archives du Musée des Antiquités de Leyde. Aujourd’hui, ces documents de valeur inestimables sont accessibles aux chercheurs de toute l’Humanité ; en fait foi l’exposition ‘Carthage redécouverte, Humbert en Tunisie’ organisée au Musée National du Bardo.
Le contenu de l’exposition
Cette exposition est le fruit d’une coopération fructueuse entre les chercheurs et muséographes tunisiens et hollandais. La brochure qui se rapporte aux œuvres de Jean-Emile Humbert est rédigée par nos collègues hollandais Ms. Lot Fakkeldij et Ruud Halbertsma. La traduction en arabe des textes anglais de la brochure est assurée par l’équipe tunisienne. Dans cette brochure, plusieurs travaux de Jean-Emile Humbert ont été évoqués, ils concernent les réalisations de ce savant dans les domaines d’ingéniera, d’anthropologie, d’archéologie, d’exploration et de la collecte des antiquités. Les thématiques choisies dans cette exposition se rattachent essentiellement à l’archéologie punique et romaine et à la numismatique des périodes médiévale et moderne. La contribution des chercheurs tunisiens de l’Institut National du Patrimoine se remarque dans la rédaction des notices des objets archéologiques et des textes arabes et anglais qui servent d’introduction aux différentes catégories d’antiquités exposées dans les vitrines. Mr. Lot Fakkeldij est l’auteur des textes des notices de la statuaire, des terres cuites et des stèles votives et funéraires d’époque romaine, il est également à l’origine des textes introductifs sur la période romaine en Afrique du Nord. Toutes les traductions des textes de l’anglais à l’arabe est l’œuvre commune de l’équipe tunisienne.
La partie d’égyptologie de M. Taoufik Redissi traite des ægyptiaca de la collection de Jean-Emile Humbert, il les a acquis en Tunisie (Testour). La majeure partie de cette collection est constituée de sceaux en forme de scarabée, d’amulettes et de chaoubi (ouchabti).

Le scarabée est le symbole de la renaissance dans l’au-delà, il a été largement diffusé dans le monde méditerranéen depuis le IIIe millénaire av. J.-C. Il porte au plat, des représentations divines, des formules apotropaïques inscrites, des symboles magiques et des légendes mythologiques inspirées principalement de l’univers divin céleste pour triompher de toute force nuisible menaçant les personnes dans leur vivant et dans la tombe. L’absence d’informations sur le contexte dans lequel ont été trouvés les scarabées de la collection de Humbert, supposés originaires de la ville de Testour, nous prive des meilleurs moyens pour connaître leur provenance. Il est clair que les exemplaires relevant du 2e millénaire av. l’ère chrétienne ne pouvaient pas provenir ni d’Utique ou de Carthage encore inexistantes à cette date, ils proviendraient d’une collection privée ; les autres sceaux datables des 7e – 6e s. av. J.-C. sont de type commun bien attesté à Carthage. Cette dernière pourrait bien être leur lieu de découverte.
Les amulettes égyptiennes et égyptisantes représentent les dieux ou les objets à caractère magique. Elles expriment les croyances de la survie du mort dans l’au-delà, de la fertilité, de la protection divine et de la lutte contre le mauvais œil. Elles témoignent clairement de l’influence cultuelle de la religion et de la magie égyptiennes dans les milieux phénico-puniques. Les amulettes et les scarabées taillés ou moulés dans divers matériaux constituent un élément fondamental du mobilier d’accompagnement funéraire des pays méditerranéen depuis trois millénaires av. J.-C. La Carthage phénico-punique du Ier millénaire n’a pas fait l’exception.

Les chaouabtis ou ouchabtis sont des statuettes funéraires originaires d’Égypte bien connues dès le IIIe millénaire av. J.-C. Elles se trouvaient dans les tombes pour faire à la place du défunt les corvées dans l’autre monde. Pour une meilleure protection elles portent un texte en hiéroglyphes égyptiens de l’une des versions du chapitre VI du Livre des Morts.
Le texte écrit par l’épigraphiste M. Ahmed Ferjaoui nous parle du tophet, le sanctuaire de Carthage que l’on peut remplacer par le vocable phénicien de Qdš. A la lecture du texte on apprend que le terme tophet désigne dans l'Ancien Testament l'endroit de la vallée de Ben-Hinnom près de Jérusalem où les Cananéens immolaient leurs enfants par le feu en l'honneur du dieu Baal. Le Qdš de Carthage a survécu du milieu du 8e au début du 2e s. av. J.-C. Les fouilles ont mis au jour des dépôts votifs renfermant les ossements d’enfants à bas âge, nouveau-nés ou mort-nés et d’animaux. Plusieurs analyses du contenu des urnes votives ont été pratiquées, elles confirment que la proportion d'ossements calcinés d’enfants est plus élevée que celle d'animaux.

Parmi les stèles surmontant les urnes, plus de 6000 portent des inscriptions gravées en écriture punique, elles commémorent les sacrifices. Elles nous renseignent que la divinité principale de ce lieu sacré est Ba‘al Hammon. Il est apparu seul dans les inscriptions les plus anciennes, puis à partir du début de IVème siècle, il est associé à Tanit qualifiée de ‘face de Ba‛al’. Les inscriptions s’achèvent par les formules telles que : « parce qu'il a entendu sa voix et il l'a béni », ou « tu entendras sa voix, tu le béniras ».

D'autre part, le vœu n'est jamais indiqué, il est rendu généralement par le terme NDR « vœu » et rarement par MTNT « don » ou par des expressions dont le sens n'est pas encore précisé, sauf MLK ’MR "sacrifice d'agneau". Les formules finales montrent que l'offrande a été pratiquée pour remercier le dieu qui a réalisé le vœu du fidèle ou dans l'espoir d'obtenir une faveur du maître du sanctuaire.
La contribution du céramologue M. Imed Ben Jerbania intéresse l’étude et l’évolution des formes de la céramique du sanctuaire de Carthage à travers les siècles. D’après la typologie de la céramique, la chronologie du sanctuaire s’échelonne sur quatre strates datables du milieu du 8e au début du 2e s. av. J.-C. La céramique de cette aire sacrée reflète des traditions variées qui nous renseignent sur les contacts commerciaux que Carthage avaient entretenus avec les autres sites de la Méditerranée. Certaines vaisselles montrent une filiation proche orientale, d’autres trahissent une origine locale ou d’inspiration grecque.

1 – de 750 au premier tiers du 7e s. av. J.-C. : les urnes présentent un corps globulaire, avec ou son col, des anses verticales ou horizontale bifides, un bord évasé ou épaissi. Certaines formes appartenant à cette phase sont moins courante comme le « vase chardon ». Les dernières productions sont représentées par des urnes pourvues d’un bord vertical et d’une panse à renflement situé vers le bas.

2 - de 675 à la fin du 6e s. av. J.-C. : certaines formes de céramique ont complètement disparu (amphores, cratères et urnes) ou se sont raréfiées (vase chardon). En revanche, d’autres ont survécu mais elles ont subi des changements dans la forme et le décor. Le corps des cruches (neck-ridge Jug) de filiation syro-palestinienne s’allonge de plus en plus pour devenir ovoïde. Les urnes à anses verticales ont perdu la base annulaire et présente maintenant un corps ovoïde. L’amphore de table à corps ovoïde, anses posées sur l’épaule et à col pourvu d’une arête, fait son apparition dans cette strate et probablement dans la suivante.

3 – de la fin du 6e à la fin du 4e s. av. J.-C. : disparition complète des types de la période archaïque tels que les « vases chardon » et les urnes à corps globulaire ou ovoïde. Au cours de cette phase nous assistons à une standardisation des types qui se limitent surtout aux amphores de table à bord épaissi et à corps ventru.

4 – de la fin du 4e s. à146 av. J.-C.: standardisation plus marquée ; les vases sont souvent de dimensions plus réduite et une décoration simple de filets ou de lignes peintes. Les urnes se caractérisent par un corps nettement ovoïde avec un resserrement du col, alors que la carène haute tend à disparaître. Elles ont des parallèles datables des 2e -3e s. av. J.-C. et que l’on peut rencontrer dans la nécropole carthaginoises de cette dernière phase.
La mise à contribution de la céramologie par Me Lamia Fersi permet de comprendre les rapports étroits entre l’histoire de Carthage et la céramique bien attestée depuis les premiers temps de la fondation de la ville (vers 814 av. J.-C.).

Grâce à l’étude de la céramique phénicienne et punique les archéologues ont pu apporter de nouvelles données sur les repères chronologiques de l’histoire de Carthage et surtout sur la participation de Carthage dans les circuits maritimes du commerce du 1er millénaire av. J.-C.
La céramique punique est à usage multiple, elle porte un décor peint, linéaire et à bandes. Les puniques le conserveront longtemps malgré l’apparition au 4e s. av. J.-C. d’un décor végétal ou même figuratif stylisé qui a connu un grand succès aux 3e – 2e s. av. J.-C.
Le répertoire des formes dérive des productions orientales, particulièrement phéniciennes de la fin de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer (fin du IIe-début du Ier millénaire av. J.-C.). A partir du 5e s. av. J.-C. s’ajoute à cette tradition une nette influence grecque qui se manifeste dans les céramiques attiques à figure rouges et à vernis noir.
Ces formes étaient destinées à un usage domestique (pour contenir l'eau) commercial (transport des denrées alimentaires, de l'huile ou du vin) funéraire (pour contenir les squelettes inhumés ou les ossements incinérés du défunt) et votif (urnes cinéraires du tophet).

Le texte sur les lampes des différentes époques nous le devons au céramologue M. Moiez Achour, il présente l’évolution des lampes depuis l’arrivée des Phéniciens jusqu’à la période chrétienne.
C’est avec les Phéniciens que l’on assiste à la fois à l’apparition et à la diffusion des lampes à huile en Afrique du Nord. L’exemplaire le plus ancien que l’on peut situer dans la fin du 8e et le début du 7e s. av. J.-C. a été mis au jour dans les strates profondes du sanctuaire (tophet ) de Carthage.
Parallèlement à la lampe à écuelle phénico-punique, dont le réservoir est ouvert et les becs sont simplement pincés, l’Afrique du Nord avait importé, également, des lampes chypriotes, attiques et italiques.
À l’époque romaine ce luminaire devient un support décoratif sur lequel sont représentés des thèmes et des motifs relatifs à la mythologie, à la vie quotidienne, au spectacle…
Enfin et à l’époque chrétienne viennent s’ajouter à ces thèmes ceux en rapport avec cette religion, inspirés des récits bibliques ou figurant des symboles chrétiens comme les différents types de croix…
Malgré les nombreuses études faites sur la sigillée africaine, plusieurs questionnements restent sans réponse. Melle Fatma Hadad spécialiste de la céramique romaine a présenté dans cette exposition la sigillée africaine de la collection de Humbert. Sa recherche a montré que de toutes les céramiques romaines, celle de Sigillée Africaine demeure la plus remarquable en Afrique du Nord, elle prospéra depuis le1er siècle ap. J.-C. Jusqu’à la fin de l’Antiquité.

Elle fut influencée du Ier siècle av. J-C. à la deuxième moitié du Ier siècle de notre ère par la céramique rouge de tradition italique d’Arezzo en Toscane. Mais rapidement, elle devint une véritable production provinciale. Les recherches sur cette céramique ont distingué trois classes (A, C et D) et d’autres séries de fabriques appelées (A/C et A/D).
La classe A, fut produite à partir de la deuxième moitié du Ier s. et a connu son apogée vers la fin du 2e et du 3e s. de l’ère chrétienne.
La classe C, a connu un usage intensif de la fin du 3e s. et tout au long du 4e siècle. Le répertoire typologique se caractérise par des formes fermées ornementées généralement par des appliques en relief.
La sigillée D, produite à partir du 4e siècle, est reconnaissable par une pâte grossière, engobe épais, décor en creux et un répertoire de formes assez standardisées. Cette fabrication a cessé de produire vers la fin du 7e siècle.

Ces différentes productions ont été produites par plusieurs centres de fabrication situés dans plusieurs zones: l’arrière pays de Carthage (El Mahrine, Oudhna), le Cap-Bon (Sidi Zahrouni)Sidi Khlifa, l’arrière pays de Kairouan (Sidi Marzouk Tounsi) et les bassins des vallées de Medjerda, Milane et de Nebhana….
Cette céramique a réussi à conquérir les marchés locaux et les provinces ; elle a pu envahir les marchés de toute la Méditerranée et bien au delà : la Péninsule Ibérique, la Gaule, l’Italie, Athènes, la haute vallée du Nil et même les côtes de l’Inde.

La numismate Me Hana Ouaz a présenté la collection numismatique islamique de Humbert, aujourd’hui conservée au Musée National des Antiquités de Leyde, elle compte 31 pièces datant des périodes médiévale et moderne. L'inscription gravée sur le devant de la boîte en bois, mentionne que le Prince Mustapha Khaznadar, le Premier Ministre de Mohamed Sadok Bey de la Régence de Tunis a offert par l’intermédiaire d’Henry Nijssen, le consul néerlandais à Tunis cette collection au Trésor de Leyde au mois de Jumada I 1277 Héjire / Décembre 1860. Les pièces de la collection se répartissent, d’après un ordre chronologique, sur trois groupes.

Le premier groupe comprend un dinar fatimide frappé à Kairouan (307 Héjire/919) sous le nom du Commandant des Fidèles Abdul Allah al-Mahdi, fondateur de l'Etat ismaélite fatimide chiite, et un second dinar frappé à Mansouriya, fondée par le troisième Commandant fatimide des Fidèles Abu Tahar Ismail Al Fatimi Al Mansour.
Le second groupe est constitué de pièces almohades : un dinar en or, frappé par le Commandant des Fidèles Abu Yaqub Yusuf I (558-579 Héjire / 1163-1184) et de trois dirhams almohades-Hafsides en argent.
Le troisième groupe se compose de 25 pièces husseinites en référence au Bey Hacine Ben Ali, le premier de Bey qui a ordonné la frappe de monnaies ottomanes à Tunis en 1117 Héjire /1705. Les monnaies des Beys husseinites de la Régence de Tunis ressemblaient à celles des Ottomans. Elles portent à l’avers le nom du sultan en plus de l'expression « frappée à Tunis», et au revers la date de la frappe. Ahmed Bey (1253-1271 Héjire / 1837-1855) était à l’origine de plusieurs réformes monétaires. Les plus importantes concernent la répartition et les appellations de nouvelles unités en argent et en cuivre. Il est important de souligner que la mention du nom du Bey sur les monnaies de la Régence de Tunis n'a eu lieu que sous le règne de Mohamed Bey (1271 Héjire / 1855).
Liste d’une partie des objets

Amphorette, panse élargie dans sa partie supérieure. Bord circulaire se terminant par une lèvre épaisse. Deux anses circulaires. 8e -début du 7e s. av. J.-C. Tophet, Carthage.

Urne ovoïde, bord épais. Deux anses entre l'épaule et la panse. 6e s. av. J.-C. Tophet, Carthage.

Onochoé à bobèche, lèvre épaisse. Panse ovale; anse placée entre le col et l'épaule. Le bord et le haut du col sont revêtus d’un engobe rouge brillant. Deux traits peints en noir sur la panse et au milieu du col. 7e s. av. Carthage.

Lampe à huile punique avec deux becs pincés. 7e - 5e s. av. Probablement Carthage.

Lampe à huile romaine, disque décoré d’un trophée constitué d’un bouclier et deux lances placés entre un homme et une femme. Règne d'Auguste et de Tibère. Fin du 1er siècle av. J.-C. - Début du 1er siècle de notre ère. Carthage

Lampe à huile chrétienne, disque décoré de des cœurs et d’un lion. 5e s. ap. J.-C. Carthage

Stèle votive punique à décor réparti sur trois registres. Du haut vers le bas, palmette, avant-bras et un bélier; signe de Tanit. 3e-2e s. av. J.-C.  calcaire gris, Carthage.

Stèle votive punique à Tanit et à Baal Hammon figurant dans le sommet un avant-bras. Dans la partie médiane, un cartouche renfermant une inscription punique de cinq lignes mentionnant le scribe GuerÊ»Aštart fils de Ê»Abmelqart. Dans la partie inférieure, fleur de lotus encadrée par deux signes de Tanit. 3e s. av. J.-C. Calcaire gris. Carthage.

Stèle funéraire punique mentionnant la défunte BitbaÊ»al fille de Himilkat fils de Ê»Abd Ešmounyton fils de Bery le Rab. 3e s. av. J.-C. calcaire grisâtre, Carthage.

Stèle funéraire représentant dans une niche un homme debout levant la main droite ; l’autre main est ramenée sur la poitrine. 3e-2e s. av. J.-C.  calcaire blanc, Carthage.

Pâte siliceuse à glaçure verdâtre. Statuette funéraire (ouchabti ou chaoubti) en forme de momie. Une inscription sur le devant de l’objet mentionnant le nom du défunt Psammétique-Ankh. 7e-6e s. av. J.-C. Carthage.

Stéatite à glaçure marron clair. Scarabée à décor géométrique de quatre nœuds entre lesquels se place un ensemble de trois signes : deux ‘n ‘ placés de part et d’autre de ‘r’ en rapport avec la légende « anra ». 18-16e s. av. J-C. Testour.

Stéatite à glaçure verte. Scarabée figurant Baal-Seth. Il lève la main droite à la direction du disque solaire et de l’uraeus (serpent) dressé. 1400-1200 av. J.-C. Testour 


Pâte siliceuse ; glaçure vert clair. Scarabée représentant un cheval; signe de la vie ankh placé au-dessus du dos. Entre la tête et la jambe du cheval se trouve une fleur. 7e-6e s. av. J-C. Testour.

Pâte siliceuse, couverte de glaçure verte. Scarabée montrant un personnage assis sur un tabouret,  tenant une longue tige à extrémité en forme d’ombelle. 7e-6e s. av. J.-C. Testour.

Pâte siliceuse à glaçure bleue. Khnoum à corps humain et à tête de bélier. 7e-6e s. av. J.-C.

Gourde. Lèvre mince ; col cylindrique sur lequel s’attachent deux anses ; panse de forme lenticulaire. Surface rouge orange. Milieu 5e s. ap.
Sigillée africaine, Sfax/Sousse.

Bol à listel. Bord rectiligne muni d’un listel orné de feuilles en relief. Fond concave. Surface rouge orange. 3e s. ap. sigillée africaine, Sfax /Sousse.

Coupe. Bord évasé vers l’extérieur. Panse globulaire sur laquelle s’attache une anse bifide. Pied haut. Surface rouge. Fin 1er- milieu 2e s. ap. Sigillée africaine, Béja.

Akos à bec en forme d’entonnoir. Milieu 2e s. ap. Sigillé africaine.

Plat, sigillée italique. Bord à paroi rectiligne. Fond plat sur lequel est imprimé au centre d’un timbre dans deux cercles concentriques. Surface marron. Fin Ier av. J.-C- 50 ap. J.-C., Carthage.

Figurine en terre cuite. Aphrodite arrange ses cheveux tandis qu’Eros tient un miroir et un arc, 100-200 ap. J.-C., Béja.

Tête d’une femme en marbre, portant un voile et un diadème. 0-200 ap. J.-C., amphithéâtre d'El-Jem.

Stèle votive en calcaire représentant une femme dans une niche ornée de branches de laurier, tenant un panier dans sa main droite. Le dernier registre figure un taureau dans l’attitude de la marche, 200-300 ap. J.-C., Béja,

Stèle votive divisée sur trois registres. Le registre supérieur fragmentaire, conserve seulement les pieds d’un personnage portant une longue tunique. Dans le deuxième registre, trois divinités : Venus, Junon et Minerve. Le troisième registre représente une femme assise. Calcaire, 200-300 ap. J.-C., Béja

Coffret conservant 31 pièces de monnaies islamiques. Epoque médiévale et moderne. 

Croquis de deux stèles provenant du Tophet de Carthage

Ruines d’Utique

Port de la Goulette

Plan de la ville du Kef

La partie de la collection de Jean-Émile Humbert rassemble 89 objets archéologiques présentés dans 12 vitrines et 2 plateformes, accompagnées des notices et des textes introductifs pour chaque catégorie d’objets.


Vitrine-1 L’aire consacrée au tophet de Carthage abrite les urnes cinéraires et les stèles votives. Dans la première vitrine située à droite de l’entée de la salle de Sousse est exposé un lot de 4 urnes du sanctuaire (tophet) de Carthage. L’évolution typologique est perceptible par les formes ovoïdes des 8e-7e s. av. J.C. qui s’achèvent par un profil plus allongé caractéristique des 4e-3e s. av. J.-C.
La plateforme-1 présente un lot de 5 stèles votives datant des 4e-3e s. av. J -C. parmi lesquelles celles qui ont été découvertes en 1718 par Humbert, le premier inventaire des stèles du tophet (n° 1et 3). La stèle n° 1 parle du scribe Guer‛Aštart fils de ‛Abmelqart ; la seconde stèle conservée dans la cloche mentionne le dédicant Moutton fils de Mesph. Les autres stèles portent une iconographie variée de signes dits de Tanit, de la bouteille, caducée, fleurs de lotus, disque solaire, croissant lunaire, avant-bras, mouton, palmette et de bélier.


La vitrine- 2 referme deux exemplaires de la céramique punique funéraire représentés en l’espèce d’une œnochœ du 7e s. av. J.-C. et d’un brûle-parfum du milieu du 3 e s. av. J.-C.

Les vitrines 3-4 abritent 2 stèles funéraires du 3e -2e s. av. J.-C., l’une porte une inscription punique indiquant le nom de la défunte Bitba‛al fille de Himilkat fils de ‛Abd Ešhmoun fils d’Ešhmounyaton fils de Bary le Rab (n° 1). L’autre anépigraphe figure dans une niche un personnage debout, levant la main droite ; l’autre main est ramenée sur la poitrine (n° 2).


Vitrine-5: lot d’ægyptiaca comprenant 8 sceaux en forme de scarabée, 2 amulettes et de 2 chaoubtis. Les 3 scarabées datant du 2e millénaire av. J.-C. et les 5 autres exemplaires relevant des 7e-6e s. av. J.-C. appartiendraient à un collectionneur de Testour qui les aurait vendus à Humbert. Les plus anciens scarabées figurent des légendes égyptiennes d’Anra, de Baal-Seth et d’Amon ; les plus récents sont comparables à ceux de Carthage puisqu’ils sont de la même époque. Ils sont décorés de légendes inscrites ou figurées, plus simplifiées, de type égyptisant, telles que : Amon-Rê, cheval passant et de personnage assis.

Les deux amulettes en pâte siliceuse représentent le dieu Khnoum à corps humain et à tête de bélier, elles sont attribuables aux 7e-6e s. av. J.-C.
Le chaoubti en pâte siliceuse porte une inscription égyptienne mentionnant le nom du défunt Psammétique-Ankh, elle daterait des 7e-6e s. av. J-C. ; l’autre exemplaire en bronze conserve une imitation de légende égyptienne, elle daterait des 1er- 2e s. ap.

Vitrine-6 : cette vitrine exhibe une série de 2 plats de sigillée italique et de 8 exemplaires de céramique sigillée africaine. La production de la sigillée italique date de la fin du 1er s. av. J.-C. à l’an 50 de l’ère chrétienne. La série de la sigillée africaine est plus variée ; elle s’étale sur une longue période, du 2e au 5e s. ap. L’askos (n° 8) à extrémité en forme d’entonnoir du milieu du 2e s. ap. et la gourde de forme lenticulaire (n°1) du milieu du 5e s. ap. sont intéressants à plus d’un titre en raison de leur rareté. Les autres céramiques sigillées africaines sont illustrés par des bols à listel, plats et des coupes.
Vitrine-7 : Les lampes choisies dans la collection Humbert de cette exposition montrent bien l'évolution technique, morphologique et stylistique de cette catégorie d’objets à travers les siècles, depuis les premiers temps de l’arrivée des Phéniciens jusqu’à la fin de l’Antiquité, une longue période qui s’étend du 8e av. J.-C. au 7e s. ap. Cette collection nous présente des exemplaires puniques à deux becs, à trois becs, des lampes de type hellénistique à vernis noir. Ce type de lampe est dépourvu de décor (n°1-5). A l’opposé des luminaires phéniciens et puniques, les lampes romaines ont servi de support sur lequel sont représentés des scènes et des motifs de mythologie (n° 6, trophée) ou à symbolique religieuse (n°7, Triton et monstres marins ; 8  Méduse) ou de la vie quotidienne. A l’époque chrétienne, les thèmes qui étaient en vogue se rattachent à la nouvelle religion (n° 9, lion et cœurs) et aux récits de la Bible.

Vitrine-8 lot de 3 figurines en terre cuite représentant Aphrodite. Ce genre de figurine est largement attesté dans le monde romain, il s’agit d’une production de série d’exemplaires fabriqués à partir des mêmes moules. Le thème d’Aphrodite et d’Eros a connu un grand succès et couramment produit dans les ateliers locaux de l’Afrique du Nord. Aphrodite était souvent représentée comme Anadyomene « qui surgit de la mer». Dans les trois exemplaires trouvés à Béja (n°1-3), Aphrodite est accompagnée d’Eros surmontant le dauphin ou tenant la coquille de la mer ou le miroir ; elle affiche sans vergogne la nudité de son corps. Plus pudique, Aphrodite ramène le bras sur la poitrine et couvre la partie inférieure de son corps par un voile (n° 4). Cette belle collection est attribuée à une période que l’on peut situer entre 100 et 200 de l’ère chrétienne.

Vitrine-9 Sculpture
Les deux têtes en marbre ont été trouvées dans les ouvertures des arcades de la partie supérieure de la façade de l'amphithéâtre d’El-Jem; elles remonteraient aux deux premiers siècles de l’ère chrétienne. La guirlande de feuilles de lierre et de fruits indiquerait que la seconde tête serait celle de Bacchus (n°2)

Platform 2: Stèles votives et funéraires
Dans cette plateforme sont exposées 4 stèles romaines datables des années 200-300 ap.
Destinés à être placés dans des sanctuaires ou dans les nécropoles, ces reliefs représentent habituellement les vivants ou les défunts dans l’attitude de présenter les offrandes aux divinités. L'influence punique est encore nette dans la forme étroite et pointue de ces stèles.
2 stèles de type votif, trouvées à Béja ; l’une (n° 1) à un décor répartie sur trois registres, figurant respectivement: les pieds d’un personnage; trois divinités : Venus, Junon et Minerve; une femme assise. L’autre stèle (n°2) montre une femme assise dans un décor de branches de laurier, elle tient un panier dans sa main droite; un taureau dans l’attitude de la marche occupe le registre inférieur.
Les deux autres stèles sont de type funéraire, elles remonteraient à une période comprise entre 200-300 ap.; l’une provenant de Bizerte mentionne le nom du défunt, Gallicanus (n° 3), l’autre originaire de Carthage Maalaga, conserve une inscrition latine qui nous renseigne que Sabinus a érigé ce monument en l’honneur de sa mère, ici représentée dans une façade de temple.

Vitrine 10 : collection numismatique
Coffret contenant 31 pièces datant des périodes médiévale et moderne, offert par le Prince Mustapha Khaznadar, le Premier Ministre de Mohamed Sadok Bey de la Régence de Tunis au Trésor de Leyde au mois de Jumada I 1277 Héjre / Décembre 1860. Les pièces de la collection se répartissent, d’après un ordre chronologique, sur trois groupes.
Le premier groupe comprend un dinar fatimide (303 Héjire /919) et un second dinar fatimide-Ziride (436 Héjire /1044)
Le second groupe est constitué de pièces almohades : un dinar en or (558-579 Héjire / 1163-1184) et de trois dirhams almohades-Hafsides en argent.

Le troisième groupe se compose de 25 pièces husseinites en référence au Bey Hacine Ben Ali, le premier de Bey qui a ordonné la frappe de monnaies ottomanes à Tunis en 1117 Héjire/1705. Elles portent à l’avers le nom du sultan en plus de l'expression « frappée à Tunis», et au revers la date de la frappe. Il est important de souligner que la mention du nom du Bey sur les monnaies de la Régence de Tunis n'a eu lieu que sous le règne de Mohamed Bey (1271 Héjire / 1855).

Vitrines 11-12 conservent chacune un livre manuscrit de la main de Jean-Émile Humbert.

Outre ces deux ouvrages manuscrits, 24 autres documents d’archives authentiques (plan, relevés, croquis, cartes, dessins) montés dans des cadres vitrés et 12 autres copies des archives imprimées sur des panneaux en papier fortex seront accrochées au mur; ils retracent plusieurs aspects et étapes de la vie de Jean-Émile Humbert l’ingénieur, l’archéologue, le voyageur et le collectionneur des Antiquités.